Il ne faut pas dormir – 23.06.2023
Chaque vendredi, à 7h04, 10h27 et 19h39, sur Radio Notre Dame, Mgr Matthieu Rougé, évêque de Nanterre, relit à la lumière de l’Evangile les temps forts de l’actualité de la semaine.
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Nous venons de célébrer le quatrième centenaire de la naissance de Blaise Pascal, ce génie scientifique et littéraire, cet homme d’enracinement et de modernité, dont le Pape a souhaité saluer la mémoire par une Lettre Apostolique : Sublimitas et miseria hominis, Grandeur et misère de l’homme.
Je vous encourage, comme l’a fait l’archevêque de Paris dimanche dernier, à vous rendre à Saint-Etienne du Mont, au sommet de la Montagne Sainte-Geneviève à Paris. Reposent de part et d’autre de la chapelle de la Vierge Marie, ces deux grandes figures du XVIIème siècle, du « grand siècle », du « siècle des âmes », que furent Racine et Pascal : l’homme d’Esther et du cantique mis en musique par Gabriel Fauré, et l’homme du Mémorial, du Mystère de Jésus et des Pensées.
Parmi les publications de ce quatrième centenaire, je vous recommande l’essai de Pierre Manent, Pascal et la proposition chrétienne, qui met en lumière l’actualité de Pascal pour comprendre l’époque que nous traversons et y mobiliser les ressources salutaires du christianisme.
Chacun se rappelle la pensée sur le divertissement qui rejoint plus que jamais notre époque de sur-communication et d’inflation des images et des bruits qui n’en finissent pas de tenter de nous détourner de l’essentiel.
Quand je lis avec bonheur et émotion les lettres des adultes qui me demandent le baptême ou la confirmation, je retrouve souvent les accents du « mémorial » que Pascal a écrit après sa « nuit de feu » : « Joie, joie, pleurs de joie ! Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob, non des philosophes et des savants, Dieu de Jésus-Christ ».
On cite souvent cette formule du Mystère de Jésus : « le Christ est en agonie jusqu’à la fin des temps ». Les mystères de Jésus, accomplis une fois pour toutes, n’en finissent pas en effet de déployer leurs fruits à travers l’histoire. La suite du mot de Pascal est précieuse : « le Christ est en agonie jusqu’à la fin des temps : il ne faut pas dormir pendant ce temps-là », contrairement à Pierre, Jacques et Jean au Jardin des oliviers. Il ne suffit pas d’admirer Pascal, il est important de l’écouter et de consentir à l’indispensable réveil spirituel qu’il appelle de ses vœux.