La grâce d’un homme de véritable culture – 10.05.2024
Chaque vendredi, à 7h04, 10h27 et 19h39, sur Radio Notre Dame, Mgr Matthieu Rougé, évêque de Nanterre, relit à la lumière de l’Evangile les temps forts de l’actualité de la semaine.
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L’émotion suscitée depuis une semaine par la mort de Bernard Pivot est impressionnante. Il est vrai qu’il a incarné pendant des décennies ce que la télévision peut apporter de meilleur. Jacques Chancel avec « le grand échiquier » faisait découvrir les plus grands musiciens tandis que Bernard Pivot grâce à « Apostrophes » apprenait à aimer les meilleurs écrivains, l’un et l’autre avec un mélange d’exigence et d’éclectisme, avec un talent remarquable aussi pour susciter de véritables rencontres artistiques et intellectuelles entre leurs invités.
Comment oublier les tête-à-tête de Bernard Pivot avec Alexandre Soljenitsyne, Marguerite Yourcenar, Claude Lévi-Strauss, Georges Dumézil et tant d’autres ? Comment ne pas repenser au brio de Jean d’Ormesson et aux éruptions de Maurice Clavel ? Je me rappelle aussi ces émissions où, dans un contexte intellectuel encore assez verrouillé sur la question communiste, les premiers témoignages vraiment critiques sur le totalitarisme marxiste ont pu s’exprimer.
Puisque « Apostrophes » était toujours diffusée le vendredi, Bernard Pivot lui donnait assez régulièrement une couleur particulière le Vendredi Saint. Je pense en particulier à la présentation par le Cardinal Lustiger de ses Premiers pas dans la prière, le Cardinal ayant rejoint le plateau d’ « Apostrophes » en cours d’émission, à peine sorti de Notre-Dame et de l’Office de la Passion.
Bernard Pivot fut aussi mon paroissien à Saint-Ferdinand des Ternes (il avait d’ailleurs offert le dernier décor d’« Apostrophes » au rayon librairie de la Fnac des Ternes). Sur des cartes postales choisies en raison de leur joli motif religieux, d’une écriture fine et élégante, il m’a adressé plusieurs fois des messages remplis de profondeur, de délicatesse et de simplicité. Bernard Pivot a été un médiateur de la part de grâce qui réside dans la véritable culture. Qu’il repose en paix.
