Qu’est-ce qu’un évêque ?
L’évêque est un successeur direct des Apôtres. Il est chargé de veiller sur son Église locale, le diocèse, d’assurer la liturgie, l’enseignement de la foi catholique et le service aux plus démunis. Il peut convoquer un synode diocésain pour l’aider à discerner les orientations pastorales pour son diocèse. Il est assisté dans sa tâche par des vicaires généraux et épiscopaux, des conseils, par des diacres et des prêtres, ou même des laïcs, dûment mandatés.
« Les évêques sont, chacun pour sa part, le principe et le fondement de l’unité dans leurs Églises particulières ; celles-ci sont formées à l’image de l’Église universelle, c’est en elles et par elles qu’existe l’Église catholique une et unique. » Concile Vatican II, Lumen Gentium n°23
Quels sont les sacrements que seul les évêques peuvent administrer ?
- La confirmation, qui peut être déléguée aux prêtres diocésains, mais qui requiert pour l’onction le Saint-Chrême consacré par l’évêque.
- Le sacrement de l’ordre : ordination diaconale et presbytérale, consécration épiscopale.
Comment sont nommés les évêques ?
En France, quand un siège est à pourvoir, le Nonce apostolique, représentant du Pape dans le pays propose, après enquête, trois noms à la Congrégation des Evêques.
Entre ces trois noms ou en dehors d’eux, la Congrégation donne son avis au pape à qui appartient la nomination. L’évêque nommé est libre d’accepter ou de refuser.
S’il accepte, le gouvernement français est prévenu et quelques semaines lui sont laissées pour faire valoir d’éventuelles objections. Durant tout ce délai, la discrétion est maintenue.
La nomination est ensuite publiée par le Saint-Siège, toujours à midi.
Comment se déroule une ordination ?
L’ordination doit être célébrée au cours d’une messe solennelle, de préférence un dimanche, jour de la Résurrection.
Les prêtres et les fidèles du diocèse sont tous invités à cette messe. C’est par l’Eucharistie que le Christ rassemble son peuple et le nourrit de sa vie ; « l’Eucharistie fait l’Église ».
L’évêque est à la tête de son diocèse, mais il est aussi en communion avec tous les autres évêques du monde, le collège épiscopal, unis autour du Pape. Pour marquer cette communion, il faut au moins que trois évêques soient présents pour l’ordination d’un nouvel évêque.
La liturgie de l’ordination est présidée par l’archevêque de la province ecclésiastique dont dépend le diocèse du futur évêque. L’archevêque n’est pas à proprement parler le supérieur hiérarchique des évêques de la province, mais il est chargé d’y veiller à la communion et à ce que la vie de l’Église s’y déroule paisiblement. Deux évêques l’assistent.
- Accueil et demande de l’ordination
Au début de la cérémonie, le diocèse est présenté, puis le futur évêque.
Deux prêtres assistent le futur évêque, dont l’un demande à l’archevêque qu’on ordonne le futur évêque, pour la charge de l’épiscopat.
- Lecture de la bulle papale
On ne peut, dans l’Église catholique, devenir évêque sans avoir été nommé par le successeur de l’Apôtre Pierre : le Pape. Après la présentation du diocèse et du futur évêque, l’archevêque demande qu’on lise la lettre apostolique du Pape, nommant le futur évêque. Puis l’assemblée rend grâce en chantant le Gloire à Dieu.
Avant d’être ordonné, le futur évêque prend devant toute l’assemblée les engagements au bon exercice de sa mission au nom du Christ.
Il promet, entre autres, de servir le peuple de Dieu et d’annoncer l’Évangile du Christ, de garder la pureté et l’intégralité du dépôt de la foi selon la tradition reçue des Apôtres, de prendre soin du peuple qui lui est confié et de le diriger sur le chemin du salut, avec les prêtres, les diacres et les collaborateurs de son ministère, d’intercéder sans relâche auprès de Dieu pour le peuple et de remplir de façon irréprochable la fonction de grand prêtre et de pasteur.
- Prostration et litanie des saints
L’ordinand s’allonge sur le sol alors que l’assemblée chante la litanie des saints. Ce rite signifie l’abandon à Dieu en imitant Jésus-Christ, mort et ressuscité et la confiance dans la communion des saints.
- Imposition des mains et prière d’ordination
C’est le rite essentiel de l’ordination : l’archevêque impose les mains sur la tête du futur évêque. À sa suite, tous les évêques présents en font de même. Puis l’archevêque proclame la longue prière d’ordination qui redit le sens de l’épiscopat et demande à Dieu la grâce pour celui qui la reçoit. C’est par ce rite (imposition des mains et prière d’ordination) qui fait l’ordination qu’est transmise la charge que Jésus a confiée aux Apôtres. C’est le geste le plus ancien dans l’Église.
Pendant le temps de la prière d’ordination, on tient ouvert au-dessus de la tête de celui qui est ordonné l’évangéliaire : c’est soumis à la Parole de Dieu que l’Église accomplit sa mission et que le futur évêque devra exercer son ministère d’évêque.
L’archevêque répand ensuite sur la tête de l’ordonné le Saint Chrême consacré lors de la messe chrismale. Cette onction signifie que l’Esprit Saint le pénètre de sa grâce pour sa nouvelle mission. L’onction marque la configuration au Christ puisque le mot Christ, en grec, signifie celui qui a reçu une onction.
On remet au nouvel évêque des objets caractéristiques de sa mission :
l’évangéliaire qu’il aura la charge d’annoncer,
un anneau qu’il portera en signe de sa fidélité à l’Église,
la mitre : invitation à mener une vie sainte à la tête de la communauté,
la crosse appelée aussi bâton pastoral : signe de la charge pastorale de l’évêque qui prend soin du peuple de Dieu et le dirige sur le chemin du salut comme un berger prend soin et guide son troupeau.
- Le nouvel évêque s’assoit sur la cathèdre
La cathèdre est le siège de l’évêque. Elle est le symbole de sa mission apostolique. En s’asseyant sur la cathèdre, le nouvel évêque est installé officiellement dans sa cathédrale. Le mot cathèdre a donné son nom à la cathédrale, église mère de toutes les églises du diocèse, celle où l’évêque a son siège.
Le nouvel évêque échange un baiser de paix avec les évêques présents : ce geste marque l’accueil du nouvel évêque dans le corps épiscopal.
La liturgie eucharistique qui suit est celle de toute messe présidée par l’évêque. Si jusque-là la célébration était présidée par l’archevêque, c’est maintenant le nouvel évêque qui préside la liturgie eucharistique, comme nouvel évêque du lieu. À l’offertoire, le pain et le vin sont apportés par des personnes représentant la diversité des paroisses et du diocèse.
- La rencontre de son peuple
À la fin de la célébration eucharistique, le nouvel évêque va à la rencontre de son peuple qu’il bénit en parcourant la cathédrale et ses alentours.
Photos : ordination épiscopale de Mgr Matthieu Rougé en 2018, par ©Antoine Muller