Une culture de l’assomption – 28.01.2022


Chaque vendredi, à 7h04, 10h27 et 19h39, sur Radio Notre Dame, Mgr Matthieu Rougé, évêque de Nanterre, relit à la lumière de l’Evangile les temps forts de l’actualité de la semaine.
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Permettez-moi de revenir à nouveau sur la déclaration L’espérance ne déçoit pas du Conseil permanent de la Conférence des évêques à propos du débat électoral. Je voudrais souligner en particulier ce que nous affirmons à propos de la construction européenne et du rapport à l’histoire.

« La construction européenne, affirme le texte, si emblématique d’un combat remporté contre les tentations d’affrontement et de guerre, doit être constamment revue pour ne pas tomber dans l’impuissance, la dérive libertaire, l’excès technocratique, le renoncement à promouvoir de vraies valeurs morales, au risque de contribuer à susciter des replis nationalistes » (ENDP, 19). Certains pourraient être étonnés de cette sévérité, à rebours apparemment du soutien ecclésial habituel à la construction européenne. Le conflit ukrainien cependant, où l’Union Européenne devrait jouer un rôle pacificateur majeur et où elle est en fait marginalisée, constitue un signal parmi d’autres de la crise en cours. La grande spécialiste des questions européennes, Nicole Gnesotto, vient d’ailleurs de publier un essai, préfacé par Jacques Delors lui-même, intitulé : L’Europe : changer ou périr (Tallandier).

Sur l’histoire, nous déclarons : « Notre rapport à l’histoire ne peut pas se transformer en regard anachronique unilatéralement négatif sur le passé. Nous avons, au contraire, à puiser dans le meilleur des héritages reçus des ressources pour l’avenir et des raisons d’espérer » (ENDP, 24). Le Pape François, dans ses récents vœux au corps diplomatique accrédité auprès du Saint Siège, s’est exprimé de manière analogue : « On assiste à l’élaboration d’une pensée unique contrainte à nier l’histoire, ou pire encore, à la réécrire sur la base de catégories contemporaines, alors que toute situation historique doit être interprétée selon l’herméneutique de l’époque ».

La cancel culture, la « culture de l’annulation », qui prétend libérer par la suppression, illusoire, de nos racines et de notre histoire, nous abime, nous « annule » en réalité. Seule une « culture de l’assomption », que nous avons à promouvoir, permet d’ouvrir, en s’appuyant sur le meilleur du passé, un avenir d’accomplissement pour les personnes et pour les peuples.

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