La campagne électorale, l’Ukraine et l’espérance – 11.03.2022
Chaque vendredi, à 7h04, 10h27 et 19h39, sur Radio Notre Dame, Mgr Matthieu Rougé, évêque de Nanterre, relit à la lumière de l’Evangile les temps forts de l’actualité de la semaine.
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Depuis quelques jours, la guerre en Ukraine a pris une place légitiment prépondérante dans les débats politiques et médiatiques, dans les esprits et dans les cœurs, comme si la crise sanitaire et les autres sujets du débat électoral avaient soudain disparu de tous les écrans radars…
Au chapitre 6 de notre déclaration préélectorale L’espérance ne déçoit pas, nous avions tenu à le souligner, « la France n’est pas une île ». Les questions internationales en général, les questions européennes en particulier ne doivent pas être congédiées du débat politique. La guerre en Ukraine nous le rappelle de façon dramatique mais peut-être, espérons-le, à terme salutaire.
Il n’est pas sans justesse de jauger les candidats sur leurs réactions à la crise ukrainienne : l’exactitude leurs informations, leurs capacités et d’empathie et d’analyse rationnelle, leur façon de suggérer des voies nouvelles et réalistes de négociation et d’action dans le contexte de ce conflit armé dit quelque chose de leurs dispositions politiques en général.
Dans ce terrible conflit, se concentrent et se cristallisent bien des pathologies sociales que les responsables politiques ont toujours et partout pour vocation de combattre en servant la justice et la paix : les affrontements communautaires, les atteintes à la liberté, les relectures idéologiques de l’histoire et surtout la dignité humaine bafouée.
Dans ce contexte, il ne s’agit pas de considérer comme secondaires les sujets essentiels du débat politique français. La guerre en Ukraine devrait au contraire nous aider à prendre vraiment au sérieux ce qui doit l’être : le respect inconditionnel de tous, les plus fragiles et les plus pauvres en particulier.
Par ailleurs, ce conflit qui s’inscrit dans le temps long de l’histoire, devrait nous conduire à situer notre discernement électoral dans une perspective d’avenir. Nous avons à nous décider non seulement pour le mois prochain mais en vue de la prochaine décennie au moins.
Les contextes national et international peuvent nous sembler d’autant plus cohérents, pensent sûrement certains, qu’ils sont à vues humaines désespérants l’un et l’autre. Raison de plus pour y cultiver l’espérance qui vient de Dieu : l’espérance d’annoncer et de servir « l’évangile de la vie », l’espérance active des artisans de paix.