Fin de vie : peut-on douter de tout ? – 14.04.2023
Chaque vendredi, à 7h04, 10h27 et 19h39, sur Radio Notre Dame, Mgr Matthieu Rougé, évêque de Nanterre, relit à la lumière de l’Evangile les temps forts de l’actualité de la semaine.
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La semaine dernière, a été remis au Président de la République le rapport de la Convention citoyenne sur la fin de vie, ces citoyens tirés au sort sous l’égide d’une société de sondages qui, après 27 jours d’information et de réflexions, ont émis des propositions plutôt transgressives.
Le Président de la République a prononcé à cette occasion un discours important, structurant sa vision autour de deux « piliers » : les soins palliatifs et l’ouverture possible de l’aide active à mourir.
Comme je l’ai écrit cette semaine dans L’Opinion, on ne peut que se réjouir d’entendre le Président de la République annoncer « un plan décennal national pour la prise en charge de la douleur et pour les soins palliatifs ». Son insistance sur l’aide aux aidants, la prise en charge de la douleur pédiatrique et l’attention spécifique au milieu médico-social, les maisons de retraite en particulier, est également très importante.
Le deuxième pilier de la réflexion présidentielle tourne autour de la question de l’euthanasie et du suicide assisté. Sur ce point, le Président en appelle à préférer les « confrontations respectueuses » à la « confrontation permanente des avis irréductibles », à accepter « de vivre avec des doutes ». Cet éloge du débat sérieux, contradictoire, ouvert et serein est appréciable. Encore faut-il se demander si un tel débat est possible en dehors d’un minimum de certitudes partagées.
Cette question est cruciale pour nos sociétés aujourd’hui tiraillées entre tyrannie du relativisme et, corrélativement, affrontement des particularismes. La condition de possibilité du débat sérieux et serein n’est-elle pas précisément le respect inconditionnel de la vie d’autrui et la prise en compte plénière de la dignité inaliénable de toute personne humaine ?
Le discernement doit se poursuivre jusqu’à la fin de l’été. Espérons que l’Exécutif résistera à la tentation d’un débat parlementaire en catimini au milieu de l’été. Puisse un débat vraiment ouvert nous aider au contraire à mesurer combien le respect inconditionnel de la vie d’autrui est, aujourd’hui comme hier, le fondement de la vie en société et de la paix.