Le chemin de possible renouveaux – 02.06.2023
Chaque vendredi, à 7h04, 10h27 et 19h39, sur Radio Notre Dame, Mgr Matthieu Rougé, évêque de Nanterre, relit à la lumière de l’Evangile les temps forts de l’actualité de la semaine.
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L’INSEE a rendu publique en avril une enquête intitulée « Trajectoires et origines » qui donne des informations significatives sur l’évolution des religions en France. S’y confirme, il est rude mais salutaire d’en prendre conscience, l’effondrement d’un christianisme de masse, que l’émergence d’une nouvelle forme de christianisme d’adhésion ne suffit pas à enrayer numériquement.
Commentant cette enquête, L’historien Guillaume Cuchet, spécialiste du purgatoire au XIXème siècle, insiste sur le dynamisme des évangéliques et des juifs religieux. Il souligne la fécondité de la force de leur identité. Voilà qui encourage les catholiques à un enracinement renouvelé. Il s’agit d’échapper au double écueil du repli identitaire et de la banalisation par une profondeur spirituelle qui s’exprime dans le dynamisme de l’évangélisation et de l’engagement caritatif.
Concluant son analyse, Guillaume Cuchet décrit sévèrement « les évêques, sonnés par la crise des abus sexuels, ne [sachant] plus qu’assister, muets et impuissants, à l’effondrement ». Par ce jugement sans appel et sans nuance, cet historien veut-il dire que l’Eglise a eu tort d’effectuer un travail de vérité sur les abus commis et de s’engager de façon déterminée dans la lutte contre les abus ?
On peut s’interroger aussi sur le cléricalisme, voire l’épiscopalisme, restrictif de ce commentaire de sociologie religieuse. Pour l’organisation du Frat, de nombreux pèlerinages (la Pentecôte vient à nouveau de le manifester), des JMJ, de l’aumônerie des établissements scolaires et des hôpitaux, des centaines de prêtres, de consacrés, de laïcs en mission annoncent la Bonne Nouvelle du Salut avec un enthousiasme et une capacité d’organisation qui ne cessent de faire mon admiration et qui n’ont rien à voir avec le mutisme et l’impuissance.
Guillaume Cuchet a évoqué ailleurs « l’épuisement » de ce qu’il qualifie de « mythe fondateur du christianisme », c’est-à-dire pour lui de la réalité même de Jésus, Seigneur et Sauveur, mort et ressuscité. Pour ceux qui ont foi en lui, je l’affirme de tout mon cœur, c’est le mystère bien réel de la mort et de la résurrection du Seigneur qui permet de traverser les tempêtes de l’histoire. Un enracinement plus fort, plus courageux, plus enthousiaste dans le Christ : voilà le chemin de possibles renouveaux.