Loïc, chef de chœur d’enfants
Interview de Loïc de Lacombe
, chef de chœur des Petits chanteurs du Val-de-Seine
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Loïc de Lacombe, vous êtes organiste dans les paroisses Saint Rémy et Saint-François d’Assise de Vanves, chef de chœur pour les événements diocésains et membre de la Commission de Musique Liturgique du diocèse. Vous avez créé il y a un an un chœur d’enfants sur le doyenné des Portes. Quelles étaient les raisons de cette initiative et quels sont les objectifs que vous poursuivez ?
L de L : A l’origine du projet, le P. Vincent Hauttecœur, qui était le curé de Vanves, m’avait contacté pour former un petit groupe d’enfants qui se réunisse occasionnellement pour chanter la messe. Avec la commission de musique liturgique, nous menions parallèlement une réflexion sur le diocèse autour de la question des chœurs d’enfants. Il existe sur notre diocèse des maîtrises d’enfants, de grande qualité, attachées à des établissements scolaires (notamment à Sainte-Croix de Neuilly et à Sainte-Marie d’Antony) et diverses chorales, de tout niveau, attachées en général à leurs paroisses. L’idée est progressivement germée de créer un chœur d’enfants de haut niveau qui se mette au service des paroisses du diocèse pour chanter les offices, avec un rayonnement assez large, plus particulièrement dans notre secteur. Nous souhaitions aussi voir éclore une maîtrise qui puisse chanter lors d’événements diocésains, à l’image du chœur diocésain, et qui propose des concerts spirituels de musique sacrée. Dans la droite ligne des manécanteries et maîtrises de cathédrales, l’ambition était donc que ce chœur offre une formation exigeante tant sur le plan musical qu’humain et liturgique.
Comment se fait le recrutement ?
L de L : Nous avons fait en fin d’année scolaire et en septembre une grosse campagne d’information et de recrutement dans les paroisses, les aumôneries et les écoles privées de Vanves et des environs. Le recrutement se fait ensuite sur entretien et audition. L’exigence vocale est assez simple (chanter juste, mémoriser un court extrait musical) car les enfants sont d’abord là pour apprendre ! Nous avons commencé en 2015 avec 13 enfants de 7 à 15 ans. Depuis cette année, un chœur préparatoire est ouvert aux enfants de 6-7 ans. Les 8-15 ans sont regroupés au sein du grand chœur où ils sont désormais 21 enfants.
La direction d’un chœur d’enfants demande des compétences bien particulières. Qui les fait travailler ?
L de L : Nous sommes une équipe qui rassemble plusieurs compétences : j’assure moi-même la direction artistique et musicale du chœur ; Brigitte Vaultier, qui est intervenante en musique et poésie dans les écoles primaires (également soliste au chœur diocésain), enseigne la technique vocale et dirige le chœur préparatoire. Nous sommes très complémentaires dans nos profils et travaillons beaucoup ensemble pour la préparation des concerts, des répétitions et des messes. Pour assurer un fonctionnement pérenne au chœur et lui donner une structure juridique et financière stable, nous avons créé une association pour laquelle nous avons fait appel à des personnes d’horizons divers qui nous apportent leur expérience du chant choral, de la liturgie, du monde associatif, de la comptabilité, etc.
En ce qui concerne le répertoire, je suppose que vos ambitions sont encore modestes ?
L de L : Beaucoup des enfants que nous avons recruté au départ n’avaient jamais chanté en chœur. Nous avons donc commencé par du répertoire à l’unisson (chants liturgiques et profanes) et des petits canons pour introduire la polyphonie. Dès la première année, nous avons pu introduire du répertoire simple à deux voix égales. En décembre 2015, après seulement trois mois d’existence, nous avons donné notre premier concert de Noël, entourés de musiciens professionnels (chanteuses, harpiste, hautboïste, organiste). Le chœur a assuré la moitié du programme à lui seul, avec même quelques pièces à trois voix mixtes grâce à trois grands jeunes venus nous rejoindre pour l’occasion ! Nous avons ensuite monté pour Pâques un oratorio pour voix d’enfants (d’Eric Noyer) qui a créé dans le groupe une dynamique extraordinaire. Le choix des pièces est évidemment primordial et doit être bien ajusté au chœur : nous choisissons des œuvres relativement simples mais qui ont de réelles qualités musicales. Pour le répertoire liturgique, nous sélectionnons avec la même exigence du répertoire de qualité mais dont le texte puisse être à la portée des enfants. Ils apprennent avec une facilité étonnante, même des pièces qui parfois nous semblent, à nous adultes, difficiles, comme certaines pièces contemporaines. A travers ce répertoire, nous assurons une formation musicale et liturgique.
Où vous produisez-vous ?
L de L : Nous avons chanté pour des messes et des concerts dans les paroisses voisines : Vanves, Issy-les Moulineaux, Meudon. Nous avons également monté déjà deux concerts en lien avec la communauté protestante d’Issy-les-Moulineaux-Clamart. Plusieurs projets sont en cours dans d’autres paroisses du diocèse. Nous prévoyons aussi de chanter au sein d’un pupitre d’enfants lors de la grande célébration qui marquera le dimanche 11 juin prochain le cinquantième anniversaire de la création du diocèse.
Le chœur comprend-il des voix d’hommes ?
L de L : Pour les messes, il n’y a pour le moment que les voix d’enfants. Pour les concerts, nous avons pu constituer ponctuellement des petits chœurs d’hommes pour les pièces à voix mixtes, mais rien encore de pérenne. L’objectif, à terme, est d’intégrer un pupitre de voix d’hommes, alimenté notamment par les grands jeunes qui auront mué !
Comment le chœur a-t-il été accueilli par les paroissiens ?
L de L : les paroissiens sont ravis d’avoir ce chœur d’enfants qui se met au service de la liturgie. D’autant plus que nous en profitons pour aborder un répertoire qui sort de l’ordinaire et apporte un réel renouveau.
Comment êtes-vous financés ?
L de L : Au départ, nous avons été soutenus par la Fondation Ste Geneviève, qui nous a permis de démarrer, d’acheter un piano numérique, les aubes des choristes, et de faire face aux menus frais. Nos ressources se limitent désormais aux cotisations des choristes et aux recettes des concerts, encore un peu justes. Il nous faudrait trouver d’autres ressources afin de permettre de nous rémunérer Brigitte et moi-même. Les sponsors sont les bienvenus !
Êtes-vous affiliés à la Fédération des Pueri Cantores ?
L de L : Cela faisait partie de nos objectifs. Nous sommes en contact avec la Fédération Française des Petits Chanteurs et l’affiliation est actuellement en cours.
En conclusion, cette création d’un chœur d’enfants, est-elle une expérience positive ?
L de L : Certainement, et qui peut se reproduire ailleurs ! Nos paroisses ont besoin de créer des liens, de se rencontrer et d’unir leurs forces sur des projets de ce type. A notre échelle, nous avions déjà eu des échanges avec des chorales d’adultes de paroisses voisines, notamment pour monter des concerts spirituels, mais ces échanges se trouvent encore renforcés par le chœur des Petits Chanteurs.
Prévenez-nous de vos concerts : nous irons vous écouter !
Lien vers le site des Petits chanteurs du Val de Seine