Sacrifier le serment d’Hippocrate, c’est sacrifier le meilleur de notre humanité – 17.05.2024
Chaque vendredi, à 7h04, 10h27 et 19h39, sur Radio Notre Dame, Mgr Matthieu Rougé, évêque de Nanterre, relit à la lumière de l’Evangile les temps forts de l’actualité de la semaine.
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Le projet de loi sur la fin de vie suit son cours à l’Assemblée nationale : après le temps des auditions, est venu celui de l’examen des amendements.
Un dialogue étonnant et significatif a eu lieu avant-hier : le Professeur Philippe Juvin, député des Hauts-de-Seine et chef de service à l’hôpital Georges Pompidou, s’est demandé ce que deviendrait le serment d’Hippocrate si l’euthanasie et le suicide assisté venaient à être légalisés. Comment les médecins pourraient-ils encore dire : « je ne provoquerai jamais la mort délibérément » ? Et la Ministre de répondre tout bonnement, en lisant sans doute la note d’un conseiller, que le serment d’Hippocrate n’étant pas d’ordre légal mais réglementaire, la loi peut sans difficulté s’en affranchir. Ainsi est-on sur le point d’effacer d’un trait de plume un serment dont la première version date du IVème siècle avant Jésus-Christ et qui constitue l’expression symbolique par excellence de la déontologie médicale. Assumer cette option, c’est donc reconnaître très clairement la véritable rupture éthique et anthropologique que constitue ce projet de loi particulièrement grave.
Je suis frappé du nombre de grandes personnalités qui continuent d’exprimer leur grande hostilité à ce projet de rupture : Marie de Hennezel, l’une des premières à avoir promu les soins palliatifs dans notre pays, Didier Sicard, ancien président du Comité consultatif national d’éthique, Jean-Marc Sauvé, ancien Vice-président du Conseil d’État, ou Jean Léonetti (je me permets de vous renvoyer à notre dialogue disponible sur le site de KTO). Citons encore Laurent Fremont, professeur de droit, fondateur du collectif « tenir sa main » et rapporteur de la mission ministérielle « droit de visite et lien de confiance », dans Le Figaro du 15 mai : « un effort minimal de législation comparée prouve que la loi française serait la plus permissive au monde ». Comment ne pas écouter ces voix autorisées ?
Dans l’élan de la Pentecôte, prions et agissons pour que le meilleur de notre humanité ne soit pas sacrifié !